Pour son dossier « Agriculture: quel rôle pour le consommateur? », France 3 Alsace a interviewé Denis Digel, de Sélestat, sur la vente directe. Maraîcher depuis 35 ans, il est à l’origine des magasins Cœur Paysan Colmar et Mulhouse, ainsi que du P’tit Marché Paysan qu’il a ouvert l’automne dernier à Sélestat.

Louise Pezzoli © France 3

« C’est le cas aussi des maraîchers qui cherchent à sensibiliser sur la consommation locale. Rencontre avec Denis Digel, maraîcher depuis 35 ans, qui a décidé de se tourner de plus en plus vers la vente directe… »

Après avoir présenté un résumé du dossier « Agriculture: quel rôle pour les consommateurs? » dans le lancement d’Ici 19/20, Louise Pezzoli lance le reportage d’Isabelle Michel et Marine Lesprit. Diffusion sur France 3 Alsace le samedi 27 janvier 2024 (3’45 à 6’05).

[Dans un champ de mâche, sous serre froide, sur la ferme de Denis Digel à Sélestat]

Denis Digel est maraîcher depuis 35 ans. Il produit 500 tonnes de fruits et légumes par an. Son exploitation compte six salariés.

Denis Digel. Ca n’a jamais été aussi dur qu’en ce moment. Parce que les charges ont augmenté, comme jamais. Il y a eu l’inflation, nous aussi on a été touchés. Les salaires ont augmenté, alors on peut comprendre que les salaires doivent augmenter. Mais d’un côté, il faut qu’on crée de la valeur pour financer tout ça, pour payer tout ça. Et en 2022, 2023, l’équilibre financier n’y était pas. Donc on perd de l’argent.

[Dans le magasin Le P’tit Marché Paysan, à Sélestat]

Depuis quelques années, il a choisi de miser sur la vente directe. Elle représente aujourd’hui la moitié de sa production. L’automne dernier, il a fondé ce P’tit Marché Paysan avec trois agriculteurs. Il ne pas se passer de la grande distribution pour écouler sa production, mais ici les marges sont supérieures de 10%.

Client 1. C’est de la vente directe, donc le paysan, je pense qu’il sera mieux rémunéré. Et en plus, c’est frais, c’est bon. On sait d’où ça vient, l’origine du produit.

Cliente 2. Et en fin de compte, on se rend compte que les produits qu’on achète dans les supermarchés ne tiennent pas longtemps. Alors que quand on vient, comme là, dans un service paysan, les produits tiennent beaucoup plus longtemps.

Denis Digel. Dans la vente en direct, la marge est meilleure, il y a moins d’intermédiaires. Et en direct, c’est moi qui fixe mon prix en fonction des saisons et en fonction des volumes. Ce qui n’est pas tout à fait le cas quand on livre à la grande distribution. C’est complètement différent comme système.

[Au marché hebdomadaire de Sainte-Marie-aux-Mines]

Autre exemple de vente directe, les marchés, comme celui de Sainte-Marie-aux-Mines, auquel Denis Digel ne déroge jamais. Les consommateurs ont toujours été fidèles.

Cliente 1. On préfère quand c’est frais. Surtout on sait d’où ça provient. On connaît les marchands, les vendeurs, c’est plus rassurant.

Client 2. Acheter des légumes ou des produits qui viennent d’Argentine ou ailleurs, on ne peut pas. Il faut arrêter ça.

Les mesures avancées n’ont pas convaincu le maraîcher.

Denis Digel. Pour le revenu du paysan, pour le moment, je n’ai rien vu, j’ai rien entendu. 6.000€ de revenu moyen, hein, pour un paysan en France. Par an, pas par mois, hein, par an. Et pour l’instant, il n’y a aucune annonce là-dessus.

Denis Digel, membre de la FDSEA, est prêt à retourner manifester.

Regarder la vidéo sur France 3 (de 3’45 à 6’05, disponible jusqu’au vendredi 2 février 2024).

La vente directe est, en effet, une manière de soutenir les producteurs locaux, vos producteurs.

 Merci, donc, à vous, chers clientes et clients, de venir faire vos courses chez nous, au P’tit Marché Paysan.